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Vote France


Enviado por   •  18 de Febrero de 2015  •  3.467 Palabras (14 Páginas)  •  163 Visitas

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La sociologie électorale classique met en exergue le caractère déterminant des attributs sociaux, notamment le rôle de l’appartenance à une classe sociale, sur les comportements politiques des individus : « Les gens pensent politiquement comme ils sont socialement. Les caractéristiques sociales déterminent les caractéristiques politiques. » (Lazarsfeld, 1956). On est alors dans une approche déterministe. Pourtant, ces corrélations systématiques faites entre classes sociales et préférences politiques ont fait l’objet de remises en cause car jugées trop déterministes et simplistes. De plus, la société post-industrielle révèle aujourd’hui des classes sociales moins « catégorisantes » qu’auparavant. Est ainsi apparu important d’intégrer d’autres variables dans l’analyse des comportements politiques et de nombreux travaux ont mis en œuvre différentes manières d’appréhender les votes. Les chercheurs, notamment géographes, sociologues et politologues, ont notamment commencé à s’intéresser aux votes en tant qu’ils sont spatialisés. Si l’intérêt pour la distribution spatiale des votes n’est pas nouvelle (« le granite vote à droite, le calcaire vote à gauche » pour le sociologue André Siegfried en 1913), l’analyse est aujourd’hui renouvelée, combinant l’effet de la structure sociale et l’influence du fonctionnement des territoires sur le vote.

Avec le cycle électoral de 2012, les espaces périurbains ont été placés sous le feu des projecteurs. L’équation est simple : les espaces périurbains, ayant pour figure sociale type les ménages populaires vivant dans leurs pavillons loin des villes, sont devenus le principal bastion du vote Front National. En effet, il y a globalement, dans la presse comme dans la recherche universitaire, une association faite entre l’espace (le périurbain), les groupes sociaux (classes populaires) et le vote (extrême droite). L’idée est, à travers plusieurs documents, de réfléchir et de mettre à l’épreuve les lectures des choix électoraux périurbains, et l’idée même de cette association. Il n’est pas question de nier qu’un vote FN a cours parmi certaines fractions populaires ou au sein des territoires périurbains mais il s’agit plutôt de discuter des méthodologies mises en place et des explications données concernant les déterminants des comportements électoraux. Si la géographie sociale et la sociologie urbaine se recoupent bien souvent, bien qu’adoptant des méthodologies différentes, on verra que dans l’analyse des votes périurbains, les thèses divergent.

Nous nous appuierons sur trois documents. Le premier est un article de presse du journal Le Monde (« Dans la France périurbaine, le « survote » pour le Front National exprime une colère sourde ») paru quelques mois avant les élections présidentielle de 2012, qui relate bien les grandes thèses dominantes et médiatisées en matière de vote périurbain. Il s’appuie sur un sondage IFOP et sur les dires du géographe Michel Bussi. Le document annexe choisi est une carte réalisée par le géographe J. Levy représentant le pourcentage de votes exprimés pour l’extrême droite par aires urbaines en 2012. On s’y intéressera ici car c’est un chercheur qui a produit de nombreuses analyses visant à articuler les transformations de la ville à l’analyse électorale. Enfin, nous nous appuierons sur un article de la sociologue Violaine Girard qui dessine les contours sociologiques des classes pavillonnaires et de leur rapport à la politique en analysant leurs trajectoires résidentielles et professionnelles. Elle prend à contre-pied les discours dominants que traduisent les deux autres documents.

Existe t’il donc des relations étroites entre positions dans l’espace géographique, dans l’espace social et dans l’espace politique ? L’association faite est-elle pertinente pour analyser les comportements électoraux ?

Nous verrons tout d’abord que les interprétations données sur l’important score FN chez les classes populaires périurbaines dans l’article du Monde diffèrent de celles de Violaine Girard, sociologue. Dans un second temps, nous montrerons que ces interprétations différenciées découlent en fait de deux approches de la question. En effet, on a d’un côté une approche spatialiste (article du Monde et document annexe), où l’espace habité traduit des comportements sociaux et électoraux ; d’un autre côté, la sociologue préfère une approche par l’individu en tant qu’il est spatialisé. Enfin, nous essaierons de réfléchir sur l’idée même de l’association faites entre périurbain/classe populaire/vote FN et sur sa pertinence ainsi que celles des méthodes présentées.

L’article du Monde est un bon condensé du panel d’articles de presse concernant les votes dans les espaces périurbain. Le journaliste s’appuie sur un sondage IFOP relatant les intentions de vote en faveurs des candidats pour l’élection présidentielle de 2012 et reprend la thèse médiatisée du géographe Christophe Guilluy et celle des « gradients d’urbanité » théorisée par Jacques Levy, lui aussi géographe. Tout d’abord, c’est la thèse de J. Levy qui est présentée. Pour lui, par sa distance à la ville et sa configuration spatiale, le périurbain favoriserai des attitudes de repli sur l’espace domestique et l’entre soi. Ainsi, selon J. Levy, la localisation résidentielle résulte du système de valeurs des habitants, ces valeurs s’exprimant aussi dans les bulletins de vote. La localisation résidentielle, par sa distance au centre urbain, apparaît donc avoir une influence majeure sur les votes : « En somme, plus encore que les distinctions socio-économiques ou socio-culturelles classiques, c’est la localisation de l’habitat qui apparaît comme l’élément le plus prédictif de l’orientation politique » (J. Levy, 2003). Le vote en faveur du FN serait alors l’expression des « effets délétères » et du défaut « d’urbanité » de la vie périurbaine (Levy, 2003). Pour J. Levy, choix résidentiel et choix électoraux sont placés sur le même plan : habiter en périurbain est un choix, tout comme on choisi pour qui l’on vote.

Ensuite, à travers le géographe Bussi, c’est la thèse de la « relégation sociale » qui est présentée pour expliquer les votes périurbains. Elle prend source chez le géographe C. Guilluy, son ouvrage « Fractures françaises » paru en 2010 ayant été utilisée pour éclairer les stratégies de campagnes présidentielles d’un bord comme de l’autre. Pour ce dernier, le vote FN dans les espaces périurbains est vu comme un vote contestataire car les périurbains sont les « oubliés » de la mondialisation libérale qui concentrerait

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