Antonio Caballero, Paisaje Con Figuras, La Seconde Vie Du Texte Journalistique
Enviado por bensinfal • 10 de Junio de 2013 • 1.719 Palabras (7 Páginas) • 459 Visitas
DE SAINT PHALLE Benjamin
Université Michel de Montaigne, Bordeaux III
Master 2 REEL
Paisaje con figuras d’Antonio Caballero
La seconde vie du texte journalistique
La question de la littéralité de l’énoncé journalistique
Aujourd’hui encore, si nous disons d’un texte qu’il est « littéraire », nous entendons souvent que son référent est fictionnel, qu’il provient de la pure imagination d’un auteur, de romans ou de nouvelles, et qu’il est édité, et publié, dans un livre. Si nous considérons la publication en livre comme un trait caractéristique de la production littéraire, nous devrons qualifier de non-littéraires toutes les publications, fictives ou non, créatives ou non, parues dans les journaux et revues. De même, il faudra exclure de l’activité littéraire tout texte publié qui se base sur, et parfois développe, des faits et situations réels. Il semble ainsi qu’il faille questionner et redéfinir le concept même de littéralité du texte journalistique, en même temps que les frontières qui délimitent les champs littéraire et journalistique.
Les relations entre la littérature et le journalisme font l’objet de nombreux travaux d’investigation. Certains auteurs considèrent qu’il s’agit de deux mondes fondamentalement différenciés, avec des objectifs, et des méthodes bien distinctes. D’autres affirment que s’il est vrai que le journalisme informatif qui s’exprime dans l’actualité possède des caractéristiques propres, bien distinctes de celles d’une œuvre littéraire, il n’en est pas moins vrai que certains genres journalistiques se rapprochent clairement de ce que nous pourrions appeler et définir comme une œuvre de création, avec des éléments proches de la littérature.
Devrons-nous alors considérer le journalisme comme « sous-genre » spécifique, auquel nous pourrions attribuer des spécificités thématiques et structurelles, et nommer, par exemple, journalisme littéraire ? Du point de vue formel, il serait difficile de différencier un article de presse « standard » d’un autre, écrit par un savant homme de lettres. La différence ne pourra donc se fonder sur un aspect strictement générique, mais plus simplement valoratif. Finalement, il n’existe aucune singularité spécifique dans le type d’énoncé, mais plutôt dans son traitement, plus ou moins minutieux, approfondi, et esthétisé. Ainsi sera donnée la valeur littéraire du texte journalistique.
Du journal au livre, la seconde vie du texte journalistique
De nombreux écrivains, et journalistes, ont franchi, et continuent de franchir, les frontières entre littérature et journalisme. Déjà Daniel Defoe en 1722, dans son Journal de l’année de la peste, construisait un récit à partir d’interviews de survivants, et de faits et enquêtes réels, sur l’épidémie de peste qui dévora Londres en 1665 ; Pensons aussi aux écrits de Zola, Germinal ou Vérité. Dans l’autre sens, reconnaissons la grande valeur journalistique, et littéraire, des articles d’Hemingway ou d’Orwell sur la guerre civile espagnole, qui ont nourri certains de leurs romans. Aussi, et nous arrivons à ce qui nous intéresse, la publication sous forme d’ouvrage d’articles rédigés par des écrivains tels que Camus (Les chroniques algériennes) et Saint-Exupéry (Terre des hommes). En effet, la publication de textes journalistiques, de manière d’ailleurs plus ou moins occultée, semble attester de leur valeur littéraire, en même temps qu’ils font passer le texte d’un champ à l’autre, en leur offrant une sorte de seconde vie, une certaine impulsion pour la postérité.
Les finalités de la republication d’articles dans un ouvrage sont variables selon les auteurs, mais elles semblent toutes répondre à cette volonté de les sortir du cadre journalistique, pour en révéler les aspects littéraires, et esthétiques, à la manière de Saint-Exupéry, ou pour offrir un témoignage d’un temps, d’une époque, comme le fit notamment Albert Camus : « Aujourd’hui, comme hier, ma seule ambition, en publiant ce libre témoignage, est de contribuer, selon mes moyens, à la définition de cet avenir », dira-t-il dans la préface de ses Chroniques Algériennes. Dans tous les cas, le passage du texte journalistique d’un champ à l’autre semble lui donner une dimension nouvelle. Le texte n’est plus pris dans son seul cadre informatif, mais acquiert le statut d’œuvre à part entière, et pourra être soumis à l’analyse et à la critique littéraire. Aujourd’hui, partout dans le monde, la valeur croissante accordée à l’écriture journalistique permet à de nombreux auteurs d’entrer, par le biais de la republication de leurs articles, dans le champ littéraire.
Antonio Caballero, écrivain journaliste
Le colombien Antonio Caballero fait partie de ces auteurs qui ont vu publier certains de leurs articles dans des ouvrages de compilation. Né en 1945 à Bogota, il a vécu son enfance et sa jeunesse entre la Colombie, l’Espagne, la France et l’Angleterre, où il a commencé dès l’âge de seize ans à publier ses caricatures et articles, dans de nombreux journaux tels que France Presse, The Economist, ou El Tiempo, le plus répandu des périodiques colombiens. Il a participé à la publication de nombreuses revues « alternatives », telles que Cambio16, devenu un média très important durant la période de la transition espagnole, ou, en Colombie, Alternativa, que lui-même considère comme « la voix de toute la gauche démocratique ». Il rédige aujourd’hui une colonne dans l’hebdomadaire bogotanais Semana.
Sa renommée
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