Union Europea
Enviado por ynb8k • 20 de Marzo de 2014 • 3.704 Palabras (15 Páginas) • 133 Visitas
Le 6 février 1934
Après la Première Guerre mondiale, la France semble avoir retrouvé une certaine stabilité dans les années 30. Mais dans la nuit du 6 février, Paris connaît une nuit d’émeute, Paris est à feu et à sang. Certains ont simplement expliqué cet évènement comme l’expression de l’indignation nationale face à un régime corrompu. L’affaire Stavisky aurait été la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Mais cet évènement a des causes et des interprétations beaucoup plus complexes qu’un simple sursaut patriotique. L’importance de cet évènement se mesure aussi par les changements qu’il produira dans la vie politique française.
Les sources à dispositions pour analyser l’évènement sont les rapports de la Commission d’enquête créée quelques jours après l’émeute et de l’enquête effectuée en parallèle par la Ligue des Droits de l’Homme. On peut aussi se servir de la presse de l’époque et du journal d’Edouard Daladier, homme politique au cœur du conflit. Grâce à cette documentation, on peut finalement se demander :
Existait-il un risque fasciste en France ? Si non, comment expliquer cet évènement et en quoi a-t-il eu des conséquences sur l’Histoire ?
I) Le 6 février 1934 : une tentative de putsch fasciste ?
1) Les éléments déclencheurs de l’émeute
En décembre 1933, le Président du Conseil Camille Chautemps jouit d’une sympathie semblant être un avantage pour tenter de résoudre la crise dont souffre la France dans les années 30. C’était sans compter la journée du 24 décembre 1933 qui marque le début d’un scandale politico-financier connu sous le nom de « l’affaire Stavisky ». Ce 24 décembre, Tissier, Directeur du Crédit Municipal de Bayonne est accusé d’avoir émis de faux bons de caisse pour un montant de 200 millions de francs. Par la suite, il dénonce le député-maire de Bayonne qui lui aurait ordonné de pratiquer ces opération en lui assurant leur parfaite honnêteté. Ce dernier est donc lui aussi inculpé. L’affaire commence à prendre de l’ampleur quand le 8 janvier, la presse annonce le suicide d’Alexandre Stavisky, escroc recherché par la police et lié à l’affaire de Bayonne. La mise à jour du passé de Stavisky révèle des amitiés de celui-ci à des personnalités politiques qui auraient facilité ses escroqueries. Les rumeurs remontent même jusqu’au Président du Conseil Camille Chautemps qui selon ces rumeurs aurait ordonné l’assassinat de Stavisky pour protéger son beau-frère mouillé dans l’affaire, le Procureur Pressard, Président du parquet. Cela amène finalement Camille Chautemps à apporter la démission de son gouvernement le 28 janvier.
Tout au long du mois de janvier, l’exploitation politique du scandale avait déjà commencé. En effet, comment expliquer que ce scandale précisément ait fait trembler la République alors qu’il n’est pas si important que ça comparé à d’autres ? L’importance du scandale de l’affaire Stavisky s’explique vraiment par la volonté de l’exploiter politiquement. On peut citer le journaliste Henri de Kérillis, lié à la droite et qui participe à cette exploitation grâce à son métier. Le scandale est vu par la droite comme une arme permettant de chasser du pouvoir les radicaux qui y sont parvenus aux élections de 1932. Le milieu des affaires, lié également à la droite, souhaitait aussi une exploitation de ce scandale. Dès 1933, ce milieu a contribué au financement des ligues d’extrême droite (Coty et les Croix de Feu) pour entretenir le mécontentement de la société française et attend désormais un détonateur possible qu’il trouve dans ce scandale.
Ainsi, grâce à cette exploitation, des manifestations ont déjà lieu tout au long du mois de janvier.
Un autre élément vient expliquer la transformation de ces manifestations en l’émeute du 6 février 1934. Suite à la démission de Camille Chautemps, le Président de la République Lebrun, nomme le 29 janvier Daladier, membre du Parti Radical, au poste de Président du Conseil. Il a la réputation d’un homme énergique et intègre. Sa nomination apaise donc l’opinion et les manifestations stoppent suite à son arrivée. Seulement, Daladier décide de révoquer le préfet de police de Paris Chiappe. En effet, celui-ci est suspecté de sympathie envers les ligues d’extrême droite car lors des manifestations de janvier, la police a montré une attitude assez passive devant la violence tandis qu’elle n’a eu aucune indulgence envers une manifestation de fonctionnaires le 22 janvier plutôt affiliée à la gauche. Mais la révocation de Chiappe apparaît à la droite comme une monnaie d’échange offerte par Daladier aux socialistes afin de s’assurer leur voix. Dans la soirée du 3 février, Chiappe, en accréditant cette idée rend possible l’exploitation de son renvoi par les opposants au gouvernement. Chiappe va vraiment servir de catalyseur au forces disparates des manifestations de janvier.
2) L’émeute, déroulement et participants
Dès le 3 février au soir, commence une campagne politique qui débouche sur un appel à la manifestation le 6 février, jour où Daladier doit présenter son gouvernement à la chambre des députés. On peut distinguer deux phases dans l’émeute du 6 février.
Tout d’abord, entre 17h et 20h45, la place de la Concorde est envahie par une foule de badauds et de membres des ligues d’extrême droite venus reconnaître les lieux. La place n’a été fixée comme lieu de rendez-vous par aucune organisation mais il est évident que tous les cortèges y convergeront car le pont de la Concorde est un passage presque obligé pour rejoindre la Chambre des Députés.
Dans le même temps, le service d’ordre se positionne pour barrer le pont. La tension ne cesse de monter et la police, malgré des renforts, est en menace permanente d’être débordée par les émeutiers. La manifestation prend de plus en plus des allures d’insurrection. Des coups de feu commencent à partir du camp des manifestants vers 19h, selon les dires des policiers. Le Directeur de la Police municipale fait alors sonner les clairons annonçant que la police va ouvrir le feu. Celui-ci se défend par la suite en disant qu’il ne voulait que faire peur aux manifestants pour qu’ils partent. Mais une première salve est tirée par la police. Les manifestants s’écartent du pont mais s’en prennent au ministère de la Marine.
La 2e phase commence à 20h45 et dure jusque 2h30 du matin. Le défilé des Anciens combattants ramène des grands boulevards une foule de manifestant qu’il a été chercher. Cela ravive l’émeute. Jusque 2h30, les charges et attaques du pont se succèdent avec
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