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Dans La Vie


Enviado por   •  22 de Abril de 2013  •  486 Palabras (2 Páginas)  •  302 Visitas

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Ce qui intéresse Robert Pinget, dans ses livres, ce n'est pas ce qu'on dit, ce que les gens disent, mais comment ils le disent, sur quel ton. C'est ce ton-là qu'il entend dire. Un ton, plutôt que des paroles. Mais comment “ rendre ” un ton, comment le donner à entendre, avec des mots – et des mots donnés à lire ? Telle est la gageure que Pinget, de roman en roman, s'acharne à tenir.

Il s'en est expliqué lui-même dans une postface à son avant-dernier roman Le Libera : “ Je dis la voix de celui qui parle, car le travail préalable consiste pour moi à choisir parmi les composantes de la mienne celle qui m'intéresse sur le moment et de l'isoler, de l'objectiver alors, jusqu'à ce qu'un personnage en surgisse, le narrateur lui-même, auquel je m'identifie. Voilà pourquoi on trouve le je dans tous mes livres, mais il est à chaque fois différent. ”

Dans Passacaille, Je n'est même plus quelqu'un. Tout juste un on. Qui parle ici ? Heu... Le “ maître ” – qu'il faut accepter sous son double aspect de propriétaire et d'écrivain (cher maître) c'est-à-dire “ alchimiste des riens qui le font survivre ”. Mais un “ maître ” vieilli. Qui s'est épuisé toute sa vie (toute son œuvre) à tendre l'oreille vers la confuse rumeur des différents qui l'entourent. “ À tâcher de saisir ce murmure entre deux hoquets, il s'était d'abord aiguisé l'ouie tant que jeunesse durait, puis, la courbe dépassée, la perdait progressivement pour aboutir, peut avant l'époque dite, à la surdité compacte, aux grésillements internes, aux vertiges et aux céphalées, mais, sa volonté aidant, tel un musicien de bazar, reconstituait une manière de passacaille. ” Voilà le sujet – le ton – du livre. Entre le réel, que signifie, que donne à entendre, théoriquement, le présent de l'indicatif, et l'irréel du présent, entendu dans le conditionnel et l'imparfait de l'indicatif comment s'y reconnaître ? Entre autres difficultés. Comment démêler le vrai au milieu de cette forêt d'incertitudes que sont la contradiction des témoignages, les intermittences du souvenir, les fausses perspectives du temps, les caprices des veilles et des insomnies, les fantasmes du cauchemar – tous les mirages habituels, auxquels il convient d'ajouter, I'âge venant, grésillements, vertiges et céphalées ? Sans compter les “ absences ”.

Que murmure le murmure ? Paysans, ferme, plantes, vaches, tracteurs : la campagne, de nos jours. Le calme, le gris. Bon. Dans ce calme et ce gris, un événement : un cadavre sur un fumier. Très bien. Aussitôt – fragilité du témoignage humain et du témoignage de nos sens (surtout quand on s'en remet plus à l'ouïe qu'à la vue) – prolifèrent les différentes versions de ce même événement. Comme

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