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Enviado por SpartanJKL117 • 12 de Marzo de 2013 • 10.319 Palabras (42 Páginas) • 355 Visitas
quelques remarques sur les groupements
professionnels :
en rééditant cet ouvrage, nous nous sommes interdit
d' en modifier l' économie première. Un livre a une
individualité qu' il doit garder. Il convient de lui
laisser la physionomie sous laquelle il s' est fait
connaître.
Mais il est une idée, qui était restée dans la
pénombre lors de la première édition, et qu' il nous
paraît utile de dégager et de déterminer davantage,
car elle éclairera certaines parties du présent
travail et même de ceux que nous avons publiés
depuis. Il s' agit du rôle que les groupements
professionnels sont destinés à remplir dans
l' organisation sociale des peuples contemporains.
Si, primitivement, nous n' avions touché à ce
problème que par voie d' allusions, c' est que nous
comptions le reprendre et en faire une étude
spéciale. Comme d' autres occupations sont
survenues qui nous ont détourné de ce projet, et
comme nous ne voyons pas quand il nous sera possible
d' y donner suite, nous voudrions profiter de cette
seconde édition pour montrer comment cette question
se rattache au sujet traité dans la
pII
suite de l' ouvrage, pour indiquer en quels termes
elle se pose, et surtout pour tâcher d' écarter les
raisons qui empêchent encore trop d' esprits d' en
bien comprendre l' urgence et la portée. Ce sera
l' objet de cette nouvelle préface.
Nous insistons à plusieurs reprises, au cours de
ce livre, sur l' état d' anomie juridique et morale
où se trouve actuellement la vie économique. Dans
cet ordre de fonctions, en effet, la morale
professionnelle n' existe véritablement qu' à l' état
rudimentaire. Il y a une morale professionnelle
de l' avocat et du magistrat, du soldat et du
professeur, du médecin et du prêtre, etc. Mais si
l' on essayait de fixer en un langage un peu défini
les idées en cours sur ce que doivent être les
rapports de l' employeur avec l' employé, de l' ouvrier
avec le chef d' entreprise, des industriels
concurrents les uns avec les autres ou avec
le public, quelles formules indécises on
obtiendrait ! Quelques généralités sans précision
sur la fidélité et le dévouement que les salariés
de toutes sortes doivent à ceux qui les emploient,
sur la modération avec laquelle ces derniers
doivent user de leur prépondérance économique, une
certaine réprobation pour toute concurrence trop
ouvertement déloyale, pour toute exploitation
par trop criante du consommateur, voilà à peu près
tout ce que contient la conscience morale de ces
professions. De plus, la plupart de ces
prescriptions sont dénuées de tout caractère
juridique ; elles ne sont sanctionnées que par
l' opinion, non par la loi, et l' on sait combien
l' opinion se montre indulgente pour la manière
dont ces vagues obligations sont remplies. Les actes
les plus blâmables sont si souvent absous par le
succès que la limite entre ce qui est permis et ce
qui est prohibé, ce qui est juste et ce qui ne l' est
pas, n' a plus rien de fixe, mais paraît
pouvoir être déplacée presque arbitrairement par
les individus.
pIII
Une morale aussi imprécise et aussi inconsistante
ne saurait constituer une discipline. Il en
résulte que toute cette sphère de la vie
collective est, en grande partie, soustraite à
l' action modératrice de la règle.
C' est à cet état d' anomie que doivent être
attribués, comme nous le montrerons, les conflits
sans cesse renaissants et les désordres de toutes
sortes dont le monde économique nous donne le
triste spectacle. Car comme rien ne contient les
forces en présence et ne leur assigne de bornes
qu' elles soient tenues de respecter, elles
tendent à se développer sans termes, et viennent
se heurter les unes contre les autres pour se
refouler et se réduire mutuellement. Sans doute,
les plus intenses parviennent bien à écraser les
plus faibles ou à se les subordonner.
Mais si le vaincu peut se résigner pour un temps à
une subordination qu' il est contraint de subir,
il ne la consent pas, et, par conséquent, elle ne
saurait constituer un équilibre stable. Des trêves
imposées par la violence ne sont jamais que
provisoires et ne pacifient pas les esprits. Les
passions humaines ne s' arrêtent que devant une
puissance morale qu' elles respectent. Si toute
autorité de ce genre fait défaut, c' est la loi du
plus fort qui règne, et, latent ou aigu, l' état de
guerre est nécessairement chronique.
Qu' une telle anarchie soit un phénomène morbide,
c' est ce qui est de toute évidence, puisqu' elle va
contre le but même de toute société, qui est de
supprimer ou, tout au moins, de modérer la guerre
entre les hommes, en subordonnant la loi physique
du plus fort à une loi plus haute. En vain, pour
justifier cet état d' irréglementation, fait-on
valoir qu' il favorise l' essor de la liberté
individuelle. Rien n' est plus faux que cet
antagonisme qu' on a trop souvent voulu établir
entre l' autorité de la règle et la liberté de
l' individu. Tout au contraire, la liberté
(nous entendons la liberté juste, celle que la
société a le devoir de faire respecter) est
elle-même le produit d' une réglementation.
pIV
Je ne puis être libre que dans la mesure où autrui
est empêché de mettre à profit la supériorité
physique, économique ou autre dont il dispose pour
asservir ma liberté, et seule, la règle sociale
peut mettre obstacle à ces abus de pouvoir. On sait
maintenant quelle réglementation compliquée est
nécessaire pour assurer aux individus
l' indépendance économique sans laquelle leur
liberté n' est que nominale.
Mais ce qui fait, aujourd'
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