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Enviado por   •  12 de Marzo de 2013  •  10.319 Palabras (42 Páginas)  •  360 Visitas

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quelques remarques sur les groupements

professionnels :

en rééditant cet ouvrage, nous nous sommes interdit

d' en modifier l' économie première. Un livre a une

individualité qu' il doit garder. Il convient de lui

laisser la physionomie sous laquelle il s' est fait

connaître.

Mais il est une idée, qui était restée dans la

pénombre lors de la première édition, et qu' il nous

paraît utile de dégager et de déterminer davantage,

car elle éclairera certaines parties du présent

travail et même de ceux que nous avons publiés

depuis. Il s' agit du rôle que les groupements

professionnels sont destinés à remplir dans

l' organisation sociale des peuples contemporains.

Si, primitivement, nous n' avions touché à ce

problème que par voie d' allusions, c' est que nous

comptions le reprendre et en faire une étude

spéciale. Comme d' autres occupations sont

survenues qui nous ont détourné de ce projet, et

comme nous ne voyons pas quand il nous sera possible

d' y donner suite, nous voudrions profiter de cette

seconde édition pour montrer comment cette question

se rattache au sujet traité dans la

pII

suite de l' ouvrage, pour indiquer en quels termes

elle se pose, et surtout pour tâcher d' écarter les

raisons qui empêchent encore trop d' esprits d' en

bien comprendre l' urgence et la portée. Ce sera

l' objet de cette nouvelle préface.

Nous insistons à plusieurs reprises, au cours de

ce livre, sur l' état d' anomie juridique et morale

où se trouve actuellement la vie économique. Dans

cet ordre de fonctions, en effet, la morale

professionnelle n' existe véritablement qu' à l' état

rudimentaire. Il y a une morale professionnelle

de l' avocat et du magistrat, du soldat et du

professeur, du médecin et du prêtre, etc. Mais si

l' on essayait de fixer en un langage un peu défini

les idées en cours sur ce que doivent être les

rapports de l' employeur avec l' employé, de l' ouvrier

avec le chef d' entreprise, des industriels

concurrents les uns avec les autres ou avec

le public, quelles formules indécises on

obtiendrait ! Quelques généralités sans précision

sur la fidélité et le dévouement que les salariés

de toutes sortes doivent à ceux qui les emploient,

sur la modération avec laquelle ces derniers

doivent user de leur prépondérance économique, une

certaine réprobation pour toute concurrence trop

ouvertement déloyale, pour toute exploitation

par trop criante du consommateur, voilà à peu près

tout ce que contient la conscience morale de ces

professions. De plus, la plupart de ces

prescriptions sont dénuées de tout caractère

juridique ; elles ne sont sanctionnées que par

l' opinion, non par la loi, et l' on sait combien

l' opinion se montre indulgente pour la manière

dont ces vagues obligations sont remplies. Les actes

les plus blâmables sont si souvent absous par le

succès que la limite entre ce qui est permis et ce

qui est prohibé, ce qui est juste et ce qui ne l' est

pas, n' a plus rien de fixe, mais paraît

pouvoir être déplacée presque arbitrairement par

les individus.

pIII

Une morale aussi imprécise et aussi inconsistante

ne saurait constituer une discipline. Il en

résulte que toute cette sphère de la vie

collective est, en grande partie, soustraite à

l' action modératrice de la règle.

C' est à cet état d' anomie que doivent être

attribués, comme nous le montrerons, les conflits

sans cesse renaissants et les désordres de toutes

sortes dont le monde économique nous donne le

triste spectacle. Car comme rien ne contient les

forces en présence et ne leur assigne de bornes

qu' elles soient tenues de respecter, elles

tendent à se développer sans termes, et viennent

se heurter les unes contre les autres pour se

refouler et se réduire mutuellement. Sans doute,

les plus intenses parviennent bien à écraser les

plus faibles ou à se les subordonner.

Mais si le vaincu peut se résigner pour un temps à

une subordination qu' il est contraint de subir,

il ne la consent pas, et, par conséquent, elle ne

saurait constituer un équilibre stable. Des trêves

imposées par la violence ne sont jamais que

provisoires et ne pacifient pas les esprits. Les

passions humaines ne s' arrêtent que devant une

puissance morale qu' elles respectent. Si toute

autorité de ce genre fait défaut, c' est la loi du

plus fort qui règne, et, latent ou aigu, l' état de

guerre est nécessairement chronique.

Qu' une telle anarchie soit un phénomène morbide,

c' est ce qui est de toute évidence, puisqu' elle va

contre le but même de toute société, qui est de

supprimer ou, tout au moins, de modérer la guerre

entre les hommes, en subordonnant la loi physique

du plus fort à une loi plus haute. En vain, pour

justifier cet état d' irréglementation, fait-on

valoir qu' il favorise l' essor de la liberté

individuelle. Rien n' est plus faux que cet

antagonisme qu' on a trop souvent voulu établir

entre l' autorité de la règle et la liberté de

l' individu. Tout au contraire, la liberté

(nous entendons la liberté juste, celle que la

société a le devoir de faire respecter) est

elle-même le produit d' une réglementation.

pIV

Je ne puis être libre que dans la mesure où autrui

est empêché de mettre à profit la supériorité

physique, économique ou autre dont il dispose pour

asservir ma liberté, et seule, la règle sociale

peut mettre obstacle à ces abus de pouvoir. On sait

maintenant quelle réglementation compliquée est

nécessaire pour assurer aux individus

l' indépendance économique sans laquelle leur

liberté n' est que nominale.

Mais ce qui fait, aujourd'

...

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