Histoire du Turkménistan
Enviado por TheGodessNyx • 8 de Febrero de 2016 • Tarea • 3.366 Palabras (14 Páginas) • 251 Visitas
Turkménistan
Avant 1991
L’ère précoloniale
Le Turkménistan, pays de la route de la soie, a connu de nombreuses influences au cours de son histoire : les Perses au Vie siècle avant J.C, Alexandre Le Grand deux siècles après, les Parthes au IIIe siècle, les Turcs Oghuz, les Mongols, la Russie… L’islam, par exemple, qui s’est mélangé aux croyances du peuple turkmène nomade pour donner un syncrétisme qui demeure encore aujourd’hui, fut apporté par la conquête arabe au XVIIe. Les armées de Genghis Khan arrivèrent un siècle après, laissant place à des affrontements pour le pouvoir pendant plusieurs siècle, avant que ce ne soit au tour de la Russie au XIXe siècle de réclamer comme sienne la région, avec la fondation de la ville de Krasnovodsk sur la côte orientale de la mer Caspienne en 1869. Les batailles de Goek Tepe dans les années 1870 restent à cet égard un évènement majeur de l’histoire turkmène ; en 1881 la forteresse est prise, les Turkmènes massacrés et la résistance demeure extrêmement faible jusqu’en 1936. En 1924 est créée la République Socialiste Soviétique du Turkménistan, qui sera toujours gardée à l’écart au sein de l’Union Soviétique.
L’ère coloniale
S’ensuit alors la collectivisation forcée en 1929 et la mort de dizaines de centaines de milliers de koulaks, la vague antireligieuse des années 1930 à 1953, l’industrialisation basée sur les secteurs énergétique et textile dans les années 1930… Il faut tenir compte du fait que durant l’ère soviétique, le Turkménistan a été exportateur de matières premières, principalement de coton, et de pétrole, sans pour autant que soit impulsée la modernisation réelle du pays. De plus, l’intelligentsia russifiée ainsi que son Parti Communiste purgé de ses « mauvais éléments » furent créées à la même période. L’URSS permit néanmoins l’alphabétisation du pays et la création d’un système de santé développé (ce qui ne survit pas plus tard sous la dictature).
1991-2006
La mise en place de la dictature
Le 22 août, le Turkménistan proclame sa souveraineté dans le cadre de l’URSS qui s’effondre un an plus tard. Pourtant, Nyazov, devenu Premier Secrétaire du Parti en 1985, n’y croit pas, au point qu’il attend le 27 octobre avant de finalement déclarer l’indépendance du Turkménistan, et ce à la suite d’un référendum, par peur d’éventuelles représailles. Il avait été élu Président l’année précédente et gagne à nouveau les élections en 1992, avec 99,5% des voix. Son succès est tel que son gouvernement décide en 1999 de le nommer Président à vie. La Constitution de 1992 consacre un régime présidentialiste autoritaire unipartiste. Malgré l’apparence d’une division des trois pouvoirs, c’est clairement l’exécutif qui domine, et surtout le Président, également chef du plus haut conseil de l’Etat et d’autres.
Avec la chute de l’URSS, le nouveau gouvernement put se maintenir par la mise en perspective de menaces contre le Turkménistan : l’anarchie, les conflits ethniques liés au tribalisme et l’islamisme. Bien que ces maux touchent à ce moment-là ses voisins, le pays n’a pas à s’en faire, au moins pour le tribalisme dont n’émerge aucun mouvement revendicateur (malgré l’existence de sept tribus majeurs) et pour l’islamisme que ne peut affecter une religion davantage basée sur les traditions et déjà affaiblie par l’ancienne puissance colonisatrice. Quant à l’anarchie, elle donne l’argument ultime à Nyazov pour mener une politique autoritaire : plutôt que d’aspirer à la démocratie qui amènerait le chaos, il vaut mieux un Etat fort et stable. Ainsi la mise en place de la dictature est-elle justifiée.
Le legs de la colonisation
Le legs colonial est significatif : sont conservées la plupart des institutions politiques telles que le Parti Communiste ou le KGB (devenu le KNB, Comité de Sécurité Nationale), qui ne font que changer de nom, en plus des institutions de contrôle et de censure ou encore de l’économie – qui ne subit aucune grande réforme. Les bases de la nation turkmène sont également la création de l’URSS : elles répondaient à l’unité linguistique, territoriale, économique et historique voulue par Staline, bien que le Turkménistan soit resté au stade de confédération tribale pendant l’ère soviétique, soumise à la russification de sa société.
L’écrasement de l’opposition
Deux partis politiques majeurs émergent entre 1989 et 1991 : Agzybirlik (Unité) et le Parti Démocratique de Turkménistan. Tout deux sont interdits et leurs membres se voient refuser des contrats à l’embauche, harcelés, mis en prison ou forcés à l’exil. Le second parti est forcé à changer de nom avant de disparaître, le Parti Communiste se l’étant attribué ; il devient le Parti du Développement Démocratique.
Comme toute dictature, toute opposition est durement réprimée, au point qu’il n’en existe presque pas au Turkménistan. Le pays est par exemple l’un des derniers du classement en matière de liberté de la presse, il n’y a pas eu de véritable mouvement populaire depuis 1995 après que ceux-ci eurent été durement réprimés, à l’exception d’émeutes de la fin entre 1996 et 2002 qui ont secoué le pays. D’ailleurs, il n’existe pas d’opposition dans le pays selon Nyazov ; lors de sa visite aux Etats-Unis en 1998, on lui a demandé ce qu’il en était du pluralisme politique au Turkménistan : actuellement, il n’y a aucun parti d’opposition, alors comment pouvons-nous leur accorder la liberté ? » En 2002, un attentat contre le Turkmenbashi a donné lieu à une vague répressive majeure à laquelle se sont conjugués prison, torture, internement dans des hôpitaux psychiatriques, privation de soins et exil.
Le rôle de la dictature dans la politique internationale
Le Turkménistan se démarque par sa politique extérieure. Sa « neutralité permanente » (ou isolationnisme), reconnue en 1995 par une résolution des Nations Unies, est consacrée dans la Constitution, qui prévoit que celle-ci est « la base de sa politique extérieure et domestique qui tend à renforcer la stabilité et l’harmonie de la société, développant les relations amicales et mutuellement bénéfiques avec les Etats de la région et du monde entier ». De fait, l’économie prime dans les échanges internationaux. Un gazoduc a par exemple été construit entre le Turkménistan et l’Iran, le pays a appuyé le régime des Talibans via le trafic d’armes et de drogues jusqu’en 2001 et participe au Programme BOMCA de l’Europe – il livre des matériaux à l’Ouzbékistan pour reconstruire la frontière. La dictature doit cependant faire face à des conflits frontaliers avec celui-ci et avec l’Azerbaïdjan, ce qui dans le second cas le prive d’une ouverture aux autres marchés. Pour ce qui est de l’Union Européenne et des Etats-Unis, ils critiquent tout deux le régime dictatorial et l’absence de réforme économique mais commercent volontiers avec lui : les pays européens ont contribué aux Programmes d’aide alimentaire à destination du Turkménistan et les Etats-Unis (auxquelles ont été refusé l’implantation d’une base militaire à Mari) sont parmi ses partenaires commerciaux les plus importants. Le pays est par ailleurs lié à la Russie par une forte coopération militaire jusqu’en 1999 (date à laquelle il refuse d’adhérer au Traité de Sécurité Collective du CIS) et sa dépendance à l’exportation du gaz via Gazprom; l’ancienne puissance colonisatrice limite en effet les acheminements qui passent par son sol, étant elle-même exportatrice de gaz à l’instar des autres pays de la région.
...